Assumer l'illusion

Bonjour Jim, merci pour la bienvenue… et la réponse

Bonjour à toutes et à tous

D’entrée je salue ta perspicacité, Jim, parce que l’expression

« … d'un séjour qui se moque bien des ans » …

caractérise plutôt bien les diverses expressions de mon vivre ici et maintenant… l’âge usuel et mental suit son cours inéluctable sans que cela ne me touche particulièrement. Cela fait bel et bien partie de l’illusion que j’assume face au miroir comme face au regard d’autrui.

Ce qui me permettait d’évoquer une démonstration d’éventuels résidus de leurre en mon esprit, c’est que, d’une part, je ne doutais nullement de la courtoisie et de la compassion des membres de ce forum, et que d’autre part, j’assume très clairement et en toute confiance, ce qui est, tout autant que Ce Qui Est, n’attachant pas plus d’importance à l’éloge qu’au blâme.

Si ton évocation d’un voyage en « montgolfière » se rapproche de l’idée d’un voyage existentiel en totale liberté (de se pressentir être), tu touches là, une « vérité » qui s’est faite « mienne ». Et tout comme tu l’évoques également, je m’émerveille à chaque instant de ce miraculeux possible.

Aucun vent n'est paraît-il ressenti, puisque "j" avance avec lui et si il était constant et régulier, je ne me poserais probablement pas la question de la réalité (permanence) de celui-ci.

Avoir conscience du phénomène et s'appuyer sur cette conscience, ce n'est pas forcément vouloir en sortir bien que sans l'avouer ici et entre nous bien sur, c'est ce que j'essaie de faire en quasi permanence... parce que comme tu le dis justement, "je me sais être". et que je ne me demande que trop rarement comment cette connaissance là est possible...

Quant « au vent » qui pousse vers chacun de nous une variété infinie d’évènements et de phénomènes, il m’apparaît comme une gracieuse évidence, qu’un ressenti pourrait se faire lourd, tandis que le simple Voir attentif et attentionné (donc non interrogatif) permet d’assumer ce « vent » et d’en percevoir clairement son impermanence. Cela aide à bien des dépassements ? Et j’ajouterais même que cela permet une belle économie de visites chez le psy… Entends moi-bien, je ne fais en cet aparté aucune critique de la gente psy, je précise simplement que le fait de ne pas accaparer (s’accaparer) un phénomène ou un évènement libère automatiquement de la question ou de la douleur…

Qu'est-ce qui fait qu'à un certain moment la présence au fait se saisisse elle même comme distincte de ce dernier et que la mise en oeuvre de moyens "tecnico-illusoires" tombe d'elle même, je n'en sais rien , la chute du vent dépend elle de causes... ou bien plutôt en faut-il de nombreuses et d'inéxtricables pour qu'il se lève?

Je vois ici, Jim, combien tu sais lire entre les lignes, puisque effectivement je n’évoque nullement l’inutilité des techniques (ni de la quête) mais la nécessité ultime d’y renoncer pour manifester l’amour et la confiance en ce qui est.
Effectivement, nul ne sait, à quel instant du parcours existentiel d’un chercheur, la Conscience lui permettra de se saisir du fait que le chercheur était l’égo… un personnage insatisfait, plus ou moins perdu dans le désir … un désir d’harmonie, de beauté, de pureté, que chacun peut reconnaître effectivement comme souhaitable et justifiée, mais que cependant l’égo est inapte à mettre en place puisqu’il traduit uniquement son insatisfaction.

Tu évoques l'éventualité de "rennoncer au mouvement jusqu'à la disparirion de la forme"? est-ce bien nécessaire et même possible? n'est ce pas encore "technico-illusoire"?

Ici, j’évoque ce qui est remarquable chez quelques rares orientaux qui ont manifesté une véritable immobilité, une entrée en ce qui est dit « samâddhi » une absorption complète hors du temps et du monde.
L’état de contemplation, d’absorption en lequel ils pénètrent pour des périodes de notre temps fort longues, ne manifestant plus aucun besoin physique (jusqu’à pour certains disparaître physiquement en laissant des traces étranges du type de ce qui a été relaté au sujet de Jésus – si on édulcore les récits récupérés)… mais je ne l’évoque que pour souligner la difficulté, voire l’impossibilité, pour un égo chercheur occidental, d’admettre ce renoncement total et de pouvoir le pratiquer, soyons lucide !

Le renoncement est-il encore « technico-illusoire » je ne puis pas plus que toi le savoir ?

Tout simplement parce que née en occident, « illusion ou pas », mon parcours existentiel m’a conduite à générer une famille que je ne saurais oser faire (illusoirement) souffrir en perpétuant une quête séparatrice à leur yeux.
Des paroles par trop « mystiques » issues de « révélations intérieures intervenues lors de profondes contemplations » et livrées imprudemment m’ont mise face à la souffrance et aux immanquables jugements et que cette apparence de différence liée uniquement au cycle évolutif d’un individu, pouvaient entraîner. La nécessité de cette prudence quant aux paroles émises suites à des « découvertes spirituelles » au demeurant impossibles à véritablement prouver et communiquer, entretient un rapport très pointu avec l’Innocuité… que l’on se doit, responsabilité oblige, de mettre en pratique vis-à-vis d’autrui.
… Sciemment et lucidement, je m’en remets à ce qui est ici et maintenant, acceptant ce qui jaillit, ce qui vient, sans plus d’intention programmatrice d’un devenir « lumineux » puisque de quelque manière que ce soit, Cela Est, déjà, au-delà des apparences, pour l’Humanité dans son entier.

Voilà donc pourquoi, ma quête s’est épuisée, en toute connaissance de causes et d’effets, afin de continuer la route et le cycle évolutif naturel de l’être incarné que je suis, en assumant l’illusion, accompagnant « mes créations » familiales et autres avec « mes talents » dont l’amour et la confiance sont les plus évidents supports.

Ainsi donc je peux dire avec toi puisque je t’entends haut et fort…

Assumer l'illusion, oui, et l'accompagner du mieux que l'on peut suivant nos "talents"et sans jouer les girouettes à dire oui aux vents du monde, et les faire dévier quand c'est possible, lorsque c'est par eux que l'on se croit soufflé .

Merci, Jim, par ton chaleureux accueil, de m’avoir permis ce témoignage.

Michèle

Merci pour ton témoignage michelle, que j'ai beaucoup apprécié.
Pour moi, je ne fais pas de séparation, sur le plan métaphysique ou spirituel, entre " illusion " et " réalité ".
Le Devenir est aussi " réel " que l'Etre qui l'exprime.

Bonjour Toniov,

Pour moi, je ne fais pas de séparation, sur le plan métaphysique ou spirituel, entre " illusion " et " réalité ".

L'expression que j'ai utilisée, sans doute maladroitement, pour le titre de mon témoignage, ne signifie pas que je fasse une différence ou une séparation, et j'ai envie de dire, bien au contraire !
Je n'ai utilisé le mot "illusion" qu'en rapport à ce qu'expriment certaines doctrines (que j'ai longuement suivies) pour finalement découvrir que vivre dans la paix et la sérénité, hors du mental discursif, est possible au sein de n'importe quel environnement.
L'expression "Assumer l'illusion" n'est qu'un simple et libre témoignage de présentation.