Maîtriser-choisir, Présence, Regard...

Je trouve que la discussion à propos de la présence dans le fuseau sur La communication avec soi-même est vraiment riche, et soulève plein de choses.
Dont une est la question de la maîtrise et du choix.
Ca va avec l'attention, et avec la capacité à être présent à quelque chose dans la totalité de soi-même.

Regarder les choses avec détachement, voir le côté illusoire, ou "pas important" de ce par quoi nous nous tourmentons, c'est un "outil", une possibilité, un regard possible qui permet d'avancer et de revenir à la présence.
Une possibilité n'est pas une obligation et une vérité absolue, et surtout, au-delà de ça, si un regard possible devient le seul regard que nous avons, alors nous sommes toujours autant enfermés que dans le regard précédent.

La liberté, je crois, c'est l'élargissement d'un éventail de possibles ; dans lequel on choisit, volontairement, de piocher. Passer d'un regard totalement englué dans le concret à un regard totalement prisonnier de l'abstrait, ça n'est pas une libération.

Ce qui rend libre, c'est de voir ces possibilités et de pouvoir choisir l'une ou l'autre, selon la situation, selon notre besoin, et de ne pas oublier quand nous sommes dans un regard particulier, que c'est simplement un regard et non une vérité dogmatique qui gouverne notre existence.
C'est un truc de maîtrise, de choix, de fluidité... et de présence, on en revient toujours là , car c'est dans la présence que nous sommes capables du discernement nécessaire au choix du regard.

Par exemple, je suis en train de faire quelque chose, je me consacre à fond à ça, toute mon attention est là, et en effet comme le soulignait marcelm, je suis efficace, présente, concentrée.
Et puis quelque chose survient, ça ne se passe pas comme prévu, je rencontre une difficulté dans cette activité dans laquelle mon énergie est engagée à ce moment. Une émotion monte éventuellement, je vois ce qui se passe, et puis dans ma palette je décide de choisir de prendre un peu de distance, pour calmer l'histoire, parce que dans la présence je me rends compte que je suis en train d'être débordée et que mon énergie s'en ressent.
Etc etc...
J'ai l'image d'un petit personnage qui saute de nénuphar en nénuphar, qui choisit son nénuphar suivant, et saute dans la totalité de lui-même, sans rester une jambe là et une jambe ici, totalement sur un nénuphar, mais avec toujours la vision des autres nénuphars, les autres possibles.

Je trouve que tu illustres très bien les choses et je rejoins ta vision, surtout la notion de liberté que tu évoques.

Aya a écrit:La liberté, je crois, c'est l'élargissement d'un éventail de possibles ; dans lequel on choisit, volontairement, de piocher.

je crois que c'est une phrase qu'on peut lire et comprendre à plusieurs niveaux...

Il me semble que la Liberation de l'Etre, (proportionnelle a la Liberté des identifications à mes conditionnements et a l'image de moi )ouvre sur une liberation du regard, qui sort de ses limites ordinaires. D'ou l'élargissement des "possibles";

Je crois aussi qu'il s'agit là d'une notion qui ouvre a beaucoup de "pièges" . (Pour ceux qui connaissent Neel Donald Walsh, avec les séries "conversations avec dieu" et les diverses mouvances qui en sont nées)

Par contre je ne dirait pas qu'on choisi alors "volontairement" de piocher dans ces possibles, parce qu'alors le mot volonté personnelle, ou besoin personnel n'a plus vraiment de sens. Mais que par contre l'acceptation et la comprehension de notre forme spécifique oriente alors ce Regard là vers ce qui se révèle etre le plus juste et adéquat en fonction des besoins de la situation globale et de l'interaction des éléments en presence . Et que cela se fait tout seul, de Soi...C'est ainsi que je comprend le non-agir et je crois que c'est comme cela qu'on trouve "sa place" et son "rôle" spécifique dans cette nouvelle relation au monde

Aya a écrit:Passer d'un regard totalement englué dans le concret à un regard totalement prisonnier de l'abstrait, ça n'est pas une libération.

Ab-strait..; pas tres unitif, comme vision, effectivement. C'est passer d'une identification a une autre, à une inflation paradoxale, ou la désidentification de la forme et du moi se transforme en identification a l'absolu et à l'universel. C'est dans cette vision là, que l'autre, et tous les possibles sont "ab-straits" et gommés... ( ce dont parle souvent Joaquim, si je l'ai bien compris...)

Aya a écrit:C'est un truc de maîtrise, de choix, de fluidité... et de présence, on en revient toujours là , car c'est dans la présence que nous sommes capables du discernement nécessaire au choix du regard.

Et c'est aussi directement relié et "proportionnel" à la "qualité " et au vécu intérieur de ce que signifie pour chacun le mot "presence", de même que le discernement, me semble t-il..

Aya a écrit:J'ai l'image d'un petit personnage qui saute de nénuphar en nénuphar, qui choisit son nénuphar suivant, et saute dans la totalité de lui-même, sans rester une jambe là et une jambe ici, totalement sur un nénuphar, mais avec toujours la vision des autres nénuphars, les autres possibles.

jolie image: je la vois se dessiner devant mes yeux...
La mienne se serait plutôt une petite cellule dans un grand corps, qui se reconnait completement comme telle, dans la totalité d'elle même et de la fonction a laquelle elle participe( fond et forme), et qui garde toujours la conscience , la vision, le respect pour les autres cellules, les autres fonctions qui maintiennent en Vie et en évolution permanente ce Corps auquelles toutes participent...Et la révérence profonde pour ce Corps là (dans lequel se déploient tous les possibles) qui donne sens et convergeance a toutes les cellules, toutes les fonctions,et les dépassent toutes ensembles dans une Unité bien au delà de ce qui se peut concevoir.
C'est plus "classique" comme image, et pas tres nouveau, ni original, c'est vrai, mais je l'ai "dé-couverte" et "com-prend" tellement profondement que son sens m'éclate au visage chaque fois avec la même force de révélation, comme si c'était la première fois que je l'entendais...

Bonjour à tous,

Aucun d’entre nous n’est « obligé » de se tourner vers une communauté philosophique ou religieuse, afin de se trouver une voie « d’Eveil », toutefois il existe en certaines communautés des préceptes positifs dont l’usage, la pratique conscience, peuvent nous amener à vivre tranquillement et harmonieusement dans ce monde de l’altérité, en lequel le sentiment de « moi et l’autre » domine. Parmi ces préceptes positifs, réalisables en toute liberté, de façon individuelle, je propose à la réflexion des visiteurs et des lecteurs : Les préceptes de Thich Nath Hanh

Voici ces Quatorze Préceptes de l'ordre de l'Interêtre:

- Ne pas faire de quelque doctrine, théorie ou idéologie que ce soit, y compris le bouddhisme, une idolâtrie. Les systèmes de pensée bouddhique doivent être considérés comme des guides pour la pratique et non comme la vérité absolue.

- Ne pas penser que son savoir actuel est immuable et vérité absolue. Eviter d'avoir l'esprit étroit et de s'attacher à ses vues présentes. Apprendre et pratiquer la voie du non-attachement afin d'être ouvert aux points de vue des autres. La vérité ne peut se trouver que dans la vie et non dans les concepts. Etre prêt à apprendre toute sa vie et à observer la vie en soi-même et dans le monde.

- Ne pas forcer les autres, y compris les enfants, à adopter nos points de vue par quelque moyen que ce soit : autorité, menace, argent, propagande ou même éducation. Respecter les différences entre les êtres humains et la liberté d'opinion de chacun. Savoir cependant utiliser le dialogue pour aider les autres à renoncer au fanatisme et à l'étroitesse d’esprit.

- Ne pas éviter le contact avec la souffrance ni fermer les yeux devant elle. Ne pas perdre la pleine conscience de l'existence de la souffrance dans le monde. Trouver des moyens d'approcher ceux qui souffrent, que ce soit par des contacts personnels, des visites, des images, des sons... Par de tels moyens, s'éveiller soi-même et éveiller les autres à la réalité de la souffrance dans le monde.

- Ne pas accumuler d'argent ni de biens, quand des millions d'êtres humains souffrent de la faim. Ne pas faire de la gloire, du profit, de la richesse ou des plaisirs sensuels, le but de la vie. Vivre simplement et partager son temps, son énergie et ses ressources personnelles avec ceux qui sont dans le besoin.

- Ne pas conserver colère ou haine en soi. Apprendre à examiner et à transformer la colère et la haine lorsqu'elles ne sont encore que des semences dans les profondeurs de la conscience. Quand colère et haine se manifestent, tourner son attention sur la respiration et observer de manière pénétrante afin de voir et de comprendre la nature de cette colère et de cette haine ainsi que la nature des personnes qui sont supposées en être la cause. Apprendre à regarder les êtres avec les yeux de la compassion.

- Ne pas se perdre en se laissant entraîner dans la dispersion ou par son entourage. Pratiquer la respiration consciente et revenir à ce qui se passe dans l'instant présent. Entrer en contact avec ce qui est merveilleux, plein de fraîcheur et de vigueur. Semer en soi des graines de paix, de joie et de compréhension afin d'aider le processus de transformation dans les profondeurs de la conscience.

- Ne pas prononcer des mots qui puissent semer la discorde et entraîner la rupture de la communauté. Par des paroles sereines et des actes apaisants, faire tous les efforts possibles pour réconcilier et résoudre tous les conflits, si petits soient-ils.

- Ne pas dire de choses fausses pour préserver son intérêt personnel ou pour impressionner les autres. Ne pas prononcer de mots qui sèment la division et la haine. Ne pas répandre de nouvelles sans les tenir pour certaines. Ne critiquer ni ne condamner ce dont on n’est pas sûr. Parler toujours avec honnêteté et de façon constructive. Avoir le courage de dire la vérité sur les situations injustes même si cela menace notre propre sécurité.

- Ne pas utiliser la communauté religieuse pour son intérêt personnel ni la transformer en parti politique. La communauté dans laquelle on vit doit cependant prendre une position claire contre l'oppression et l'injustice et s'efforcer de changer la situation sans s'engager dans des conflits partisans.

- Ne pas exercer de profession qui puisse causer du tort aux êtres humains et à la nature. Ne pas investir dans les compagnies qui enlèvent aux autres toutes chances de vivre. Choisir une occupation qui aide à réaliser son idéal de vie dans la compassion.

- Ne pas tuer. Ne pas laisser les autres tuer. Trouver tous les moyens possibles pour protéger la vie et prévenir la guerre. Travailler à l'établissement de la paix.

- Ne rien posséder de ce qui appartient à autrui. Respecter le bien des autres mais empêcher toute tentative de s'enrichir de la souffrance des êtres humains ou d'autres êtres vivants.

- Ne pas maltraiter son corps. Apprendre à le respecter. Ne pas le considérer seulement comme un instrument. Préserver les énergies vitales (énergie sexuelle, souffle et système nerveux) pour la réalisation de la Voie. L'expression sexuelle ne se justifie pas sans amour profond et engagement. Concernant les relations sexuelles, prendre conscience de la souffrance qui peut être causée aux autres personnes dans le futur. Pour préserver le bonheur des autres, l'on doit respecter leurs droits et engagements. Être pleinement conscient de sa responsabilité dans la mise au monde de nouvelles vies. Méditer sur le monde dans lequel nous amenons ces êtres.

Je souhaite à tous une bonne lecture de ces principes, dont la pratique est réalisable très simplement, au quotidien, sans exiger une appartenance précise à un groupe défini, parce qu’il s’agit surtout d’une éthique de Vie, qui hors d’une quelconque doctrine ou enseignement « spirituel » permet de parvenir à l’apaisement, pour soi-même comme pour autrui.

Bien à vous tous…

Michèle

Grand merci à toi pour ce partage, généreux comme à l'habitude

Bonsoir Michèle et Pascal, tu sais Michèle les préceptes d'éthique que tu as présentés sont un vrai régal, je ne me lasse jamais de lire et de relire ou d'entendre et de réentendre ces directions de vie que l'on retrouve dans de nombreuses spiritualités exprimées avec des mots, des phrases différentes mais dont le sens fondamental est le même pour tous...Se laisser bercer par les paroles de ces êtres bienveillants en toute confiance inlassablement...Pourquoi pas?...

Bonsoir et Merci Pascal, Merci Mathilde,

Oui, se laisser bercer par des paroles de sagesse et de bienveillance, d'où qu'elles proviennent, jusqu'à les avoir si bien entendues, et vues, si justes, si saines, que tous nos actes s'en trouvent imprégnés et nous conduisent vers une existence simple et sereine, c'est dire, vers la Joie profonde de participer à La Vie de l'Etre.