Sagesse...

Histoire de relancer un peu les conversations sur le forum, je vous livre un petit texte que j'ai écrit il y a quelques mois. Il est sans prétention, juste une pensée, éphémère comme bien d'autres.

"La sagesse serait en fait peut-être qu'une question de bon sens. Rien à voir avec une connexion avec une quelconque entité ou un savoir caché quelque part, mais juste une question de lucidité et de bon sens. Juste un regard qui ne subit plus les différentes influences qui nous animent. Voir la relativité des choses et comprendre qu'on ne sait finalement pas grand chose. Ce serait alors peut-être un art de vivre. Rien de bien compliqué en somme, juste revenir à une simplicité, à se dépouiller de nos lourdeurs et vivre avec spontanéité sans pour autant se voiler la face. Rien d'extraordinaire finalement. Rien de sensationnel. Pas de connexion avec une puissance, juste être là, simplement. La sagesse serait alors à portée de main, tout juste devant nous, en nous, dans l'attente d'être saisie. Pour cela, peut-être faudrait-il oublier les quêtes illusoires, l'habitude de se raconter des histoires pour se rassurer. La sagesse serait peut-être le fait de ne pas savoir, de rester dans le questionnement sur les énigmes de la vie. Mais d'un autre côté, par le discernement, la sagesse pourrait nous donner des outils pour arpenter notre vie, avec simplicité, mais aussi avec plénitude. Elle ne donne pas un état de béatitude constante, car voir les choses telles qu'elles sont, implique aussi une certaine souffrance. Voir l'absurdité de certaines choses et notre impuissance face à elles.
Chaque personne recèle en elle une grande sagesse à certains instants. Pas besoin d'aller suivre de quelconque enseignement, juste être disponible à soi, à l'instant, afin de pouvoir aborder la vie avec lucidité et simplicité. La sagesse est peut-être plus accessible que l'on ne croit."

Voilà qui me parle en tout cas. Cela concorde assez bien avec une certaine lassitude que je peux ressentir à l'égard de lectures, de mots récurrents comme "conscience" qui, s'ils proviennent généralement d'un état vécu authentique dont on ne peut douter, se figent dans leur répétition.
Je pense même par moment fermer ce forum et me dis que l'élan reviendra peut-être un jour, et que d'autres que moi ont peut-être envie qu'il existe.
Merci pour ces mots vrais, et frais.

Bonsoir Manduki, bonsoir Pascal,

Manduki a écrit:
" Juste un regard qui ne subit plus les différentes influences qui nous animent. Voir la relativité des choses et comprendre qu'on ne sait finalement pas grand chose. Rien de bien compliqué en somme, juste revenir à une simplicité, , juste être disponible à soi, à l'instant, afin de pouvoir aborder la vie avec lucidité et simplicité. La sagesse est peut-être plus accessible que l'on ne croit."

Comme tu dis, juste une question de bon sens, le sens d'être là, maintenant, et que tout se fait et se défait maintenant sous nos yeux, que rien ne nous oblige à anticiper ou nous souvenir de quoi que ce soit.

On parle souvent de la peur de la "page blanche", pour ma part je trouve pesant d'avoir des idées, de savoir ce qu'il faut penser d'une chose, puis que cette chose devienne sue et qu'il faille utiliser et réutiliser ce savoir, pesant aussi d'avoir à se situer constamment.Situer ce paquet d'incertitudes. Pesant et vain puisque, à l'expérience, cela ne nous est d'aucun secours dans une authentique quête de soi. Aucun mot, aucune explication jamais ne nous sera d'aucun secours, pas même les plus beaux, et je suis tenté de dire ,surtout les plus beaux!
Est-ce de cette sorte de lassitude dont tu parles Pascal ? Bien évidemment cela ne peut nous suffire.

Au bord du gouffre, l'air est rafraîchissant lorsque l'on préfére "ne rien savoir" sur rien, faire sien ce vide qui nous accueille toujours, maintenant, et en lequel on peut reconnaître une attention "sienne", intime. Basculer dans ce vide comme ces lourds oiseaux qui basculent au momment de l'envol en faisant leur l'élément qui les porte.
Si ceci a un lointain rapport avec une quelconque sagesse, effectivement, c'est peut-être "plus accessible qu'on ne le croit", ou peut-être que de cette intimité, tout est à nouveau accessible?

Fraternellement.

Oui Jim, il s'agit de cela, et pas seulement.
Il me semble que pour le chercheur, comme pour l'apprenti de tout acabit, la confiance est l'élément essentiel.
Ce type de forum, par les questions qu'il soulève parfois et la forme qu'il revêt, peut ajouter en ses développements des problématiques là où il n'y en avait pas.
En tant que musicien, par exemple, lorsque je rencontre un élève, certaines choses ne sont pas dites car je ressens que ce n'est pas le moment. Les dire serait comme entraver la seule vraie rencontre, celle de l'élève avec lui-même, en ajoutant un concept à retenir. Souvent ce qui a été montré une fois implique tout le reste, y compris ce qui sera intégré plus tard.

La quête de la sagesse nous amène peut-être finalement sur une autre rive, où tous les repères ont été modifiés. Au cours de notre vie, on apprend selon un certain "code", une certaine façon. L'école nous apprend un savoir qu'on se doit de restituer au moment voulu. C'est normal en soi. Mais la vie ne peut se résoudre à être encastré ainsi dans un cadre rigide. Il n'y a pas de solutions toutes prêtes. Pas de pensées à avoir au préalable. (n'est-ce donc pas ainsi qu'on nomme les préjugés, des idées toutes faites tuant tout mouvement créatif de notre pensée propre...)
Depuis des années que je lis, j'explore, je discute, au sujet de la sagesse, je me dis qu'au final, tout est bien peut-être plus simple que ce que l'on imagine. Peut-être est-ce là aussi tout le noeud du problème, l'imagination. Se faire des idées sur une chose et de vouloir absolument conformer sa quête à ces idées toutes faites, qui ne peuvent qu'être le résultat de l'ignorance.

L'éveil consiste peut-être finalement qu'à être en éveil. Ne pas s'endormir, ne pas se laisser bercer par nos pensées toutes faites. Rester en éveil, dans un continuel mouvement créatif, même si ça implique une certaine mobilité au départ, afin de ne pas être emporter par nos mouvements intérieurs conditionnés. C'est simple et en même temps, la force de l'habitude nous emmène si vite. Savoir rester centré mais sans pour autant se couper de tout. Un jeu d'équilibriste.

Quelle simplicité dans ces propos. Merci à vous trois.
J'ajouterais bien humblement: se contenter de remplacer l'«avoir raison», la plus belle démonstration, la satisfaction d'avoir réussi n'importe quoi, le «dire parce que je le pense», la lourdeur de devoir savoir par une présence aimante.

Merci aussi à vous trois,

Pascal a écrit: Souvent ce qui a été montré une fois implique tout le reste, y compris ce qui sera intégré plus tard.

Comme tu as raison,Pascal, mais suivant l'élève et aussi la plénitude du professeur, cela peut-être plus ou moins long pour que les choses se mettent en place, si on peut dire ça comme ça.
Nisargadatta comparait la forme l'enseignement (la répétition incessante), aux soins sans cesse répétés qu'une mére donne à son enfant, malgrés ses réticences, refus, colères etc...jusqu'à que cette confiance qui est aussi et en premier lieu, confiance en soi,(plus de peur, plus de culpabilité)tout à coup s'installe, ouvre la voie, et remplace ceci par cela ou par une" présence aimante", salut Marcelm , pas aimante de quelqu'un ou quelque chose en particulier,mais incluante et auto-aimante, ou plus simplement, que le geste qui attendait puisse enfin se faire, dégagé de ses blocages.

Manduki a écrit: "Mais la vie ne peut se résoudre à être encastré ainsi dans un cadre rigide. "

Oui, c'est bien cet "encastrement" qu'il s'agit de voir, ce rail qui nous conduit horizontalement et inéxorablement ce vers quoi notre imagination, (les idées que nous nous faisons, comme tu dis Manduki), qui nous améne sans même que nous nous en apercevions si une cetaine vigilance n'est pas à l'oeuvre, jusqu'à que cette vigilance se découvre elle-même comme aérienne, dégagée des rails et même du train...une absence de mouvement incluant tous les mouvements, une immobilité dynamique.

J'aime bien cette notion d'encastrement.

Pascal, je suis pour ma part ravi que ce forum existe et si ,comme tu l'as souligné, la confiance et la sincérité sont absolument indispensables dans cette extraordinaire quête qu'est la nôtre, je croisque les deux sont présentes sur ton forum et qu'il suffit que l'un ou l'autre souffle sur une de ses braises pour que bientôt de bien flamèches ressurgissent aussitôt et ce n'est pas tout à fait rien... A bientôt

Merci pour tous ces mots, cette simplicité, et cette.... sagesse !

Concernant le forum, il a le mérite d'être un lieu où le silence peut exister. Sur la toile, il n'y en a pas beaucoup puisqu'en général les forums sont gérés plutôt dans le sens : plus y'a de monde, mieux c'est.

Ici non, on écrit ou on n'écrit pas.
Au milieu du silence émergent par moments des perles comme cette discussion sur la sagesse.

Mais il n'y a pas de dictature de la parole ici, pas d'obligation de produire. Justement les illusions tombent d'elles-mêmes. Il y a eu effervescence de mots, puis le calme est venu peu à peu.

S'il n'y avait qu'une raison d'être à ce forum, pour moi ça serait celle-ci. Le silence qui se vit.
Tout en laissant ouverte la place pour les mots qui émergent simplement, humblement, comme ceux de Manduki.

Au plaisir de (ne pas) vous lire...

Je vous rejoins totalement même si le terme "sagesse" me dérange un peu. Manduki, il me semble que tu définis ce que doit être la vie, cette qualité de présence et d'ouverture permanente possible parce qu'on s'est délesté du passé et de ses références, des savoirs, des lectures, des mots. Oui, c'est si simple mais je dirais quand même que cela demande un certain temps pour comprendre qu'il n'y a rien à chercher, rien à apprendre mais rester simplement connecté à soi et à ce qui nous entoure. En ce qui me concerne, cette ouverture, cet état de vacuité permanent où tout devient possible, j'ose l'appeler Amour parce que tel est mon ressenti.

Oui, c'est si simple mais je dirais quand même que cela demande un certain temps pour comprendre qu'il n'y a rien à chercher, rien à apprendre mais rester simplement connecté à soi et à ce qui nous entoure.

Oui en effet, c'est bien tout le paradoxe de la chose. Mais c'est en faisant l'expérience de la recherche, de l'apprentissage, qu'on peut alors prendre conscience de l'inutilité de la chose. Le dire ne suffit pas, il faut le vivre afin que puisse avoir, je dirais, un éveil de sa conscience.

Bonjour

Oui je suis en accord avec ce qui dit dans ce post. Peut-être trouverez vous une piste intéressante dans ce qui suit :

Ce qui structure l’individualité (dans sa forme)…
« Ce » qui structure l’individualité… Cette individualité qui a « avancé » vers l’éveil. Et qui, même si elle sait qu’il n’y a pas d’éveil « à atteindre » reste convaincue dans son for intérieur que quelque chose doit être trouvé. Elle se constitue de différents pans que nous ne percevons pas ; car ce « nous » est l’individualité elle-même. Ainsi, pour voir, il faudrait déjà en être libéré, car tant que nous sommes dedans nous ne voyons pas.
Ouvrir alors, aspirer à percevoir ce qui la constitue, souhaiter ardemment cette honnêteté avec soi-même qui nous permet de voir ce qui, du point de vue de l’ego, nous apparaît comme notre petitesse.
Ainsi je souhaite l’éveil, je souhaite « être éveillé », c’est un premier pan d’ouverture de soi dans la reconnaissance du réel.
Plus profondément, la réalité c’est que je souffre de ne pas vivre l’éveil, pire que cela, je désespère de ne pas vivre « l’éveil ». Voila le réel…
Sur un autre plan de l’individualité : « je suis prétentieux » voilà une reconnaissance du réel. Reconnaître cela en moi-même me montre ce qui en est la racine, la base, la structure. Ce besoin de se mettre en valeur sert à contrebalancer une souffrance, un manque intérieur, quelque chose pleure au fond de moi. Ainsi, le réel n’est plus « je suis prétentieux » ou je souhaite être « éveillé » mais « je souffre ». Et ce qui est pleinement accepté en soi ne dure pas, se dissipe ; la souffrance laisse alors place à la paix.

Bien à vous tous

Ayashka a écrit:Merci pour tous ces mots, cette simplicité, et cette.... sagesse !

Concernant le forum, il a le mérite d'être un lieu où le silence peut exister. Sur la toile, il n'y en a pas beaucoup puisqu'en général les forums sont gérés plutôt dans le sens : plus y'a de monde, mieux c'est.

Ici non, on écrit ou on n'écrit pas.
Au milieu du silence émergent par moments des perles comme cette discussion sur la sagesse.

Mais il n'y a pas de dictature de la parole ici, pas d'obligation de produire. Justement les illusions tombent d'elles-mêmes. Il y a eu effervescence de mots, puis le calme est venu peu à peu.

S'il n'y avait qu'une raison d'être à ce forum, pour moi ça serait celle-ci. Le silence qui se vit.
Tout en laissant ouverte la place pour les mots qui émergent simplement, humblement, comme ceux de Manduki.

Au plaisir de (ne pas) vous lire...

Merci Ayashka, c'est curieux que tu écrives cela car c'est exactement ce que j'ai ressenti tout au long de ces dernnères semaines, le silence m'apparaissait presque ironiquement comme le réponse même à l'existence de ce forum!
C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles je n'ai jamais souhaité en faire de la publicité.

Alors oui, un forum où l'on laisse passer les pensées sans les retenir. En ce moment, je crois que nous tous sommes particulièrement éveillés par ici...